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 L'éternelle séduction du rock'n'roll à la Fondation Cartier

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aurélie
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aurélie


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L'éternelle séduction du rock'n'roll à la Fondation Cartier Empty
MessageSujet: L'éternelle séduction du rock'n'roll à la Fondation Cartier   L'éternelle séduction du rock'n'roll à la Fondation Cartier EmptyVen 22 Juin - 23:35

Le Monde.

Les expositions consacrées aux musiques populaires se multiplient, en surmontant rarement cette difficulté : comment rendre visible l'indicible ? La solution la plus communément empruntée est peu satisfaisante. Elle consiste à montrer des instruments et des costumes de scène derrière une vitrine. Celle que propose, à Paris, la Fondation Cartier pour l'art contemporain, "Rock'n'Roll 39-59", ouvre une voie prometteuse à partir d'un sujet que l'on croyait rabâché.

Comme l'explique une de ses deux commissaires, Isabelle Gaudefroy, "nous avons voulu présenter une vision plus esthétique que didactique en privilégiant la photographie, le design et le graphisme. En valorisant davantage l'image que le texte, donc en pariant sur la compréhension du public".

L'image permet toutefois de concilier les deux, puisque le parcours s'ouvre sur un film pédagogique, Rock'n'Roll : The Early Days, de Pamela Page et Patrick Montgomery. Après, on aperçoit des guitares : une Gibson ayant appartenu à Buddy Holly et une Martin d'Elvis Presley. Mais, outre des affiches rares et des vinyles d'époque, ce sera à peu près tout pour les collectionneurs. Les héros sont présents, mais toujours à hauteur d'homme. L'exposition préfère illustrer une histoire, passionnante, quand l'Amérique offrit un modèle jeune, relativement innocent et absolument irrésistible, le rock'n'roll.

On entre directement dans le vif du sujet grâce à des lieux, des objets qui échappent à toute personnalisation fétichiste : la création de cette musique est symbolisée par un studio d'enregistrement avec ses micros suspendus, sa réception par un mur de juke-boxes. L'un d'eux, au sol, permettra au visiteur d'observer le lent déplacement (fascinant à l'heure du MP3) du microsillon vers le diamant.

Plus importante est la photographie, qui règne ici en majesté. L'exposition révèle le travail réalisé par Alfred Wertheimer en 1956 autour d'un artiste d'avenir, Elvis Presley. La suite du parcours n'est pas en reste puisqu'on y trouvera des images inédites de William Eggleston (prises en 2004 dans le studio du Nouveau-Mexique, demeuré intact, où officiait Buddy Holly), mais aussi celles de Bruce Davidson, Eve Arnold ou Elliott Erwitt pour rendre compte de l'avènement de la culture adolescente.

C'est au sous-sol de la Fondation Cartier que les choses se compliquent pour les organisateurs. A priori, des intégristes à banane trouveront absurdes les bornes chronologiques du projet. On entend d'ici le reproche : en 1939, le rock'n'roll n'existe pas, et, en 1959, il n'est pas encore mort. En fait, l'exposition ignore intelligemment la querelle qui a agité les spécialistes en 2004 (à l'occasion du cinquantième anniversaire de l'enregistrement de That's All Right Mama, par Elvis Presley), autour de la date exacte de naissance du monstre. En souhaitant le resituer dans une histoire plus large.

Elle laisse donc place aux big bands de jazz, au blues, au gospel et à la country, autant de genres qui ont fécondé le rock'n'roll et expliquent son avènement. C'est sans doute scandaleux pour les puristes mais plus instructif que de connaître la marque de médiators de Chuck Berry.

Se dévoile ainsi le contexte historique et social qui a accompagné cette musique : la découverte par le public blanc de Carnegie Hall, à New York, du boogie-woogie rural fin 1938, la discrimination raciale (illustrée, entre autres, par une photo montrant cet avis involontairement drôle : "Aujourd'hui, aucun Blanc n'est admis au zoo" de Memphis), le phénomène des banlieues, le conformisme et l'ennui, vecteurs de subversion.

Ce refus de corseter l'histoire est séduisant, même si la date de 1959 est plus évidente car la génération des pionniers s'éclipse. Buddy Holly meurt dans un accident d'avion, Elvis accomplit ses obligations militaires en Allemagne, Little Richard se tourne vers le Seigneur, Jerry Lee Lewis est rattrapé par son mariage avec sa cousine de 13 ans. Le rock'n'roll meurt, il renaîtra en Grande-Bretagne avec les Beatles.

In fine, l'exposition rend jeune et attrayante une musique plus que cinquantenaire. En brassant large et en refusant de tout expliquer, pour mieux susciter la curiosité autour de ce miracle : comment, à la ségrégation raciale, le rock'n'roll a substitué un schisme générationnel.


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"Rock'n' Roll 39-59", Fondation Cartier, 261, boulevard Raspail, Paris-14e. Tél. : 01-42-18-56-50. Du mardi au dimanche, de 10 heures à 20 heures, nocturne le mardi jusqu'à 22 heures. Jusqu'au 28 octobre.
Catalogue, éd. Xavier Barral, 432 p., 39,50 €.
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