1 => j'aime - road movie un peu plat, pour une très chouette photo. Des après-midi molels, mais sans desespérance, on sait que l'on ne mourra pas sur cette route - juste du tourisme, de masse peut-être bien même ; la surpopulation, le confort moderne auront tué nos derniers restes d'héroïsme, nos dernières velléités de vivre véritablement quelque chose - quand on le souhaiterai tellement ;il fait chaud, tout au plus, mais pas de ces chaleurs suffocantes à la Duras ; on est suel, tout au plus, mais pas de ces solitudes folles de Sartre, quand le monde même devient étrange, face à face avec les autres qui ne nous comprendront de toute façon pas - juste un road movie un peu plat - un lit défait mais sans désordre, un cendrier, vide, on protège sa santé - un portable, pour ne pas quitter les siens ; va disparaître, à l'époque du SMS - derrière tes lunettes noires, à la rigueur, dans l'anonymat d'une rue - il resterait cela, cela peut-être, se perdre en transit (lost in translation), why not
2=> un peu trop lisse pour moi, qui n'y voit rien (et les noirs se sont un peu bouchés, c'est dommage, ça me mange l'oeil, un peu)
3=> j'aime, c'est graphique et assez desespérant, tout à fait complémentaire de (1), pour moi - si l'on regarde par la fenêtre
4=> j'aime et un peu plus (mais dans le contexte des autres, qui la servent admirablement) - on y vient, à se perdre en transit, en rêvant d'un amant de chine du nord qui ne viendra pas - saloperie de monde moderne si lisse, on est si propre, soi-même, si bien entretenu, si loin de toute folie, de toute passion, de toute explosion ; même plus des bombes humaines. On s'allangui, un rien, presque autant par habitude qu'autre chose, on attend, sous le papier peint à rayures familières d'un hôtel comme les autres, comme les nôtres, qui n'a même pas besoin, d'être du bout du monde pour qu'on s'y sente perdus, en transit - on ne se perd jamais qu'en soit - aussi bien ici que là-bas. Finalement, qu'est-ce qu'on fout là ? Chercher l'épuisement, qui peut-être nous le dira ; peut-être, c'est déjà ça
5=> j'aime - parce qu'on pourrait même croire qu'il y a encore un monde au dehors, un monde tout moche, un monde qui vaudrait peut-être malgré tout la peine ; un monde qui serait encore et toujours la fin du monde - ce serait déjà ça
T'as bien fait d'aller à Barcelone