paris comme un bateau voguant sur l'océan d'une fenêtre qu'agitent d'éternelles marées urbaines
tu parles, comme je parle
je me rappelle, à chaque vision de cette vue aussi, comme il serait horrible d'être seul et malheureux à paris, une ville où tu as été où tu serais peut-être, quelque part, là, dans les méandres, quelque part, là, au plus profond
c'est romantique ces mots c'est si adolescent c'est si sottement sensible pourtant je n'ai que ceux-là plein la bouche, si j'y songe, quand il m'arrive d'y penser, que des mots comme ça
cette ville trop grande, pas assez, à peine, pour contenir le soupçon que tu t'y trouverais, si je t'y perdais, si je t'y égarais, sottement, par distraction, s'il m'arrivait de ne pas faire attention, relâcher attention, prudence, garder les yeux ouverts, m'assoupir tout de même maintenant ce serait facile tout est bien calme bien trop après tout pourquoi ne pas sombrer
c'est si sot, si simple, stupidement de cesser de se souvenir, si facile si horrible ce serait si horrible comme seul sur un océan à l'horizon la vue perdue, à perte, pure perte
ce n'est pas beau ce n'est pas sensé, ce ne sont que des mots sots, jetés
ça n'a pas la prétention, prétendrais-je même
"là, il n'y a pas d'écho dans l'espace infiniment ouvert bla-bla-bla", pompeusement pourrait-on terminer, mais on n'en finit pas, jamais, si l'on tente de faire beau, pomponner joli, il n'y a rien de tel rien à dire, vraiment, rien de beau en tout cas juste quelques idioties qui simplement sont là trottent dans la tête sans mise en forme sans se donner la peine de se donner des airs de se faire belles de s'apprêter
simplement cela : il serait horrible, c'est cela, exactement, horrible, d'être là seul et malheureux, songeant que tu n'y es peut-être pas loin, que je ne le serais pas pour rien
il n'y a pas à dire cela bien ni joliement ni tragiquement ni avec force ni obsessionnellement ni héroïquement ni misérablement ni emphatiquement ni ni ni ni ni
il n'y a pas à le dire, d'ailleurs, sauf à mentir
cela devrait aller, sans dire